35 points de vigilance pour améliorer l’expérience étudiante
CHOISIR UNE ECOLE, ce n’est pas seulement opter pour un programme de formation, une liste de partenaires internationaux, un diplôme plus ou moins bien classé, une situation géographique ou un prix à l’année… C’est vivre une expérience globale. De l’ensemble des entretiens que nous avons menés avec des jeunes de tous horizons (enquêtes d’image, études des freins et leviers à l’inscription, vécu de l’expérience étudiante…), nous avons identifié 35 points de vigilance pour mieux répondre à leurs besoins subjectifs et fondamentaux.
Vos étudiants sont-ils heureux comme des poissons dans l’eau ? A quelles cases pensez-vous cocher ? Une enquête interne, sous forme de worshop créatif vous permettra d’identifier les points forts de leur expérience et vos axes de progrès, mais aussi d’initier une nouvelle dynamique interne. Parce que leur opinion compte et qu’ils sont votre premier vecteur de recommandation.
#Etre reconnus dans leur singularité
Ne pas se sentir noyer dans la masse, mais être reconnu dans sa singularité, c’est-à-dire comme une personne différente est un besoin fondamental.
L’individu est central et il a des droits, notamment celui de s’auto-déterminer, donc définir lui-même la personne qu’il sera demain.
A l’école ou à l’université, c’est pouvoir choisir les sujets sur lesquels on travaille, être respecté dans son rythme d’apprentissage, pouvoir être soutenu dans ses projets personnels, avoir un interlocuteur dédié… Chacun aspire à bénéficier d’un traitement individualisé. Une enquête AFEV réalisée en 2017 montre que 52% des jeunes souhaitent, par exemple, bénéficier d’une pédagogie différenciée.
Etre reconnu dans sa singularité, pour un jeune, c’est aussi faire face à des adultes conscients de ce qu’est la jeunesse, c’est-à-dire une construction. C’est avoir le droit à l’erreur.
Dans ce contexte de besoin de reconnaissance, les relations personnelles avec les équipes pédagogiques, revêtent une grande importance.
Les jeunes attendent de leur part une attitude bienveillante, mais aussi un cadre et des repères. La communication interne et l’ambiance de l’établissement sont essentielles.
# Devenir adulte et autonome
L’expérience de formation apparaît comme une réponse forte aux aspirations identitaires des jeunes. Elle a vocation à les transformer. On veut en sortir grandi. La jeunesse est à la fois un âge, que l’on situe entre 16 et 25 ans, et une période de transition de l’adolescence vers l’âge adulte durant laquelle on fait ses expériences, ses choix ; on apprend à devenir responsable ; on accède progressivement à l’indépendance matérielle et à l’autonomie.
Les jeunes attendent de l’école ou de l’université qu’elle les aide à grandir, qu’elle les prépare à affronter la vie. A ce stade, ils manquent souvent de confiance en eux. Le monde de l’entreprise leur fait peur. Avant d’y avoir mis un pied, ils n’ont aucune idée des règles qui le régissent. C’est pourquoi ils apprécient particulièrement de pouvoir prendre des responsabilités, sentir qu’on leur fait confiance, sans pour autant les lâcher dans la nature. Prendre la parole en public, travailler en groupe, leur permet petit-à-petit d’affirmer leur personnalité, de gagner en aisance et assertivité. C’est leur expérience et la bienveillance des adultes qui les aide à prendre conscience de leurs forces et de leurs faiblesses, leur permet d’accepter et de surmonter les échecs.
Nombre d’entre eux ne savent pas précisément quel métier, quelle fonction ils veulent occuper à l’issue de leurs études. ils attendent aussi de leur formation une aide pour se projeter dans l’avenir. Avec le développement du tertiaire, les fonctions en entreprises sont difficilement représentables. C’est pourquoi la possibilité de vivre des expériences variées, à travers les stages, les projets, les voyages, sont autant d’occasion de découverte pour cheminer vers une fonction ou un métier, affiner ses choix.
# Se sentir écoutés et considérés
Il est parfois surprenant, dans certains établissements, de constater la manière dont les adultes s’inscrivent dans une relation parent-enfant, dans le sens où l’entend l’analyse transactionelle, c’est-à-dire une relation dans laquelle le jugement personnel prend systématiquement le dessus. Ce qui au-delà de produire des conflits, ne fait pas réfléchir les jeunes sur leurs propres comportements. La qualité de la relation repose sur l’écoute, le respect mutuel, de règles définies, la transparence, l’équité.
Les étudiants regrettent qu’on ne recueille pas leur avis sur les sujets qui les concernent directement ou concernent la vie de leur établissement. Les solliciter, s’assurer que leur parole soit représentée, les inciter à être force de proposition contribuent à leur satisfaction. Et au-delà à leur engagement.
# Trouver leur place dans la société
Nous vivons dans un monde de plus en plus complexe et en perpétuel changement. Les aider à le décrypter et leur donner des clés pour s’y adapter est fondamental. Cela nécessite une ouverture de l’établissement vers l’extérieur et de consacrer du temps à la réflexion sur les grands bouleversements sociétaux que nous vivons. C’est aussi resituer ce qu’on apprend, le métier ou la fonction à laquelle on se prépare, le secteur dans lequel on veut travailler, dans le contexte économique, culurel et social dans lequel il évolue.
Prendre du recul sur les enseignements purement techniques et professionnels ; s’interroger sur soi, sur ce qui a du sens dans sa vie et construire un projet avec lequel on sera en accord, en résonnance. Il y a trop de jeunes qui, au bout de quelques années en entreprise, regrettent leur choix ou le trouvent vide de sens.
Ils attendent une aide à l’orientation. L’enquête AFEV 2017 met en évidence que l’un des fondamentaux attendus dans le parcours éducatif de demain est pour 43% des interrogés l’orientation professionnelle. Ils veulent pouvoir bénéficier d’un accompagnement continu à ce niveau-là.
# Etre actif, être acteur
Ils ont besoin d’être actifs en cours. Avec leur micro-ordinateur ou leur téléphone portable, ils ne sont plus obligés de subir l’ennui. Capter leur attention devient un exercice de ahte voltige. Certains professeurs, particulièrement charismatiques et passionnés par leur sujet, généreux aussi dans leur volonté de le partager, réussissent à les intéresser. Et malgré tout, cela reste compliqué.
C’est aussi l’expérience et la pratique qui donne du sens pour les jeunes aux enseignements. Et là encore, l’enquête AFEV révèle que 72% des jeunes interrogés veulent apprendre par l’expérience, la pratique.
De plus en plus, les établissements sont amenés à limiter les cours magistraux et les entrecouper d’exposés et de débats ; ils privilégier les pédagogies actives (travail en mode projet, études de cas, enquêtes, classes inversées ou renversées…) ; misent sur les présentations orales ; intégrer des techniques d’animation créatives dans les cours (ex World-café) ; proposent de l’enseignement à distance, des serious games…
# Eprouver et développer leur sociabilité
Entre 18 et 25 ans, les jeunes sont encore à un âge où les sociabilités sont centrales dans leur vie. Et ils sont bien conscients que cette période, à laquelle ils n’ont pas encore de fortes responsabilités, est éphémère. Ils entendent en profiter. L’école ou l’université est appréhendée comme un lieu de vie. Son appropriation a un impact direct sur l’engagement.
Développer des espaces dédiés à la vie étudiante est une attente forte, comme créer des espaces d’études informels adaptés au travail en mode projets et à la détente, proposer un lieu de restauration collective, intégrer des jeux, des activités collectives, leur permettre d’organiser des événements festifs, leur faciliter l’accès à des infrastructures sportives, soutenir et encourager la vie associative, les projets culturels…
C’est tout cela qui fait la vie d’un établissement dans lequel ils se sentent bien.